Lettre au percepteur
Pour vous, Monsieur le Percepteur, cet imprimé aux titres roses
C’est bien joli cette couleur et ça fait mieux passer la chose
D’ailleurs il faut se réjouir car le Grand Soir est arrivé
Celui qu’on voudrait retenir, il n’y en a qu’un dans l’année
Mieux que Noël ou Jour de l’an, mieux que Pâques ou le Mardi Gras
C’est LE jour où l’on est content de ne pas gagner plus que ça !
On s’agite dans les chaumières, on en parle avec ses voisins,
On compare à l’année dernière, d’ailleurs on se demande bien
En voyant tout ce qu’on déclare, où est passé tout cet argent
Qu’on a pourtant mis quelque part : en impôts, naturellement !
Car le propre des revenus, c’est de ne jamais revenir
Une fois qu’ils ont disparu. Alors, plutôt que de gémir,
Chacun se cherche des astuces pour payer moins que l’an passé
Certains ont un enfant de plus, la belle-mère à assumer…
Moi, je n’ai rien, c’est bien dommage, qu’une parfaite honnêteté
Et j’étale sur ces deux pages tous mes petits secrets privés
Après en avoir fait lecture, vous saurez tout me concernant
La vitesse de ma voiture, le prix de mon appartement
Mais je ne vous tiens pas pour quitte, vous me devez une faveur
S’il vous plaît, répondez-moi vite : Combien ça gagne, un percepteur ?